PRESENTATION D’UN PROJET:

 380°

 

 

Prologue

Le projet présenté ici se construit autour de notions de territoires, de frontières, d’espace projeté, d’espace protégé, d’espace imaginé. L’ensemble s’articule autour d’un espace nodal ressenti et perçu qui n’est pourtant jamais objectivement livré.

Cet espace central, élevé, permet la cohésion de l’ensemble. C’est un espace « destiné » qui unit et qui créé la relation.L’enjeu est de proposer une partition mouvante des espaces à travers l’utilisation de matériaux spécifiques (issus de l’aéronautique) offrant des variations de densité lumineuse - de l’opacité à la transparence jusqu’à des effets de miroir- en fonction du déplacement des visiteurs.

C’est donc  la promenade du public qui rendra incertaine la perception des espaces et la réalité de la sculpture.

Cette pièce pourrait être installée dans un vaste espace en extérieur et constituerait une sorte de capteur/révélateur des différents états de réalité des espaces en exposant des variations chromatiques, des variations d’épaisseur et de variations d’intensité de la lumière à travers le déroulement du temps.

 

En matière d’introduction

 Au départ de ce projet, le caractère d’évidence d’un artefact utilisé en charpente, un assemblage qui permet de relier deux pièces de bois dans le sens de la longueur.

Cette découpe particulière des pièces opère en tension sur l’ensemble de la longueur et ce qui est aussi intéressant est que les deux parties à relier ne peuvent l’être que par translation et non par superposition.

Le nom de cet assemblage est l’enture de Jupiter ou trait de Jupiter, très courant dans les constructions anciennes.Au centre de l’enture, se trouve un coin/clef qui fixe, scelle, établi définitivement la mise en relation des deux pièces de bois.

Ce principe de charpentier porte la structure du projet.

 

 

 

 

    

Présentation du projet

 

Le schéma modifié de l’enture n’est pas géométrique, ni dans la mesure de ses angles, ni dans la longueur de ses segments. Il crée à la fois une partition de l’espace au sol en même temps qu’il définit un troisième espace, central, à ces deux étendues.

Un lieu clef, métaphorique, stratégique, comme peut l’être un lac, une montagne, une ville…. en tous cas un espace nodal autour duquel –par lequel –une relation s’établit.

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Reprenant le dessin de l’assemblage, la pièce est constituée de surfaces dressées, modelées ou planes, inclinées ou d’aplomb qui divisent l’espace.

La nature des matériaux employés, (structures en nids d’abeille alvéolaires de différentes épaisseurs et résines polyesters) tous extrêmement sensibles à la mobilité de leur environnement lumineux, rend ces partitions de l’espace incertaines ou improbables. 

Tantôt mur, tantôt ombre, voile, miroir où surface traversée, espace écran,  l’épaisseur réelle de la surface des éléments, en étant elle même traversée, pose des doutes. La perception des éléments dans l’espace s’imprime en une image ou interroge le spectateur sur  la  profondeur d’un plan, sur sa  distance réelle.

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……sur la translucidité, la réverbération , la disparition et en même temps sur la densité, l’opacité, le poids……

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Ces champs de perception, actifs, mettent en mouvement  l’espace à l’extérieur de l’installation.

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Au centre de l’installation, se trouve dans un rapport d’élévation un volume. L’espace métaphorique du lac, de la montagne, autour duquel l’ensemble est physiquement construit et bâti. 

Ce volume porteur et levé n’est jamais physiquement donné dans la totalité de sa forme, il ne peut être que pressenti. Ce volume tient et fait tenir l’ensemble, il est « destiné » .

L’un des enjeux majeur de la réalisation de cette pièce concerne  la perception de ce volume central et la nature de sa matérialité .

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Cette œuvre ouvre des chemins au regard en proposant un parcours de phénomènes du  toucher par l’œil.

Elle offre aussi de multiples lectures autour de la présence et de la disparition.

Si l’œuvre se présente dans une horizontale  tension de l’espace, elle est dans l’histoire de sa conception dans un rapport d’élévation . 

 

Vincent Péraro